Hacen Boukhelifa

De Mitterrand à Hollande : d'un pari à l'autre

24 Décembre 2016, 21:55pm

Publié par Hacen Boukhelifa

Tribune Huffington Post 6 mai 2012

J'avais onze ans lors de ce moment de complicité avec mon père, le mineur immigré de Oignies dans le Pas-de-Calais, d'ordinaire si sévère et impassible. J'avais onze ans le jour où je m'osai à le défier, en lui lançant le pari que son rêve se réaliserait, un rêve auquel il refusait de croire mais dont j'étais persuadé de la vraisemblance et de la concrétisation. J'avais onze ans quand je reçus de ses mains minées par le charbon mais revivifiées par les circonstances les dix francs du gain de ce fameux pari. 
 
C'était le 10 mai 1981, j'avais onze ans lorsque François Mitterrand, symbole éternel du parti socialiste et de la gauche, fut élu président de la République par le peuple français. 
 
J'en ai quarante deux aujourd'hui, soit l'âge de mon père à l'époque, et je conserve intact ce souvenir en mémoire. Plus que l'origine de mes convictions et de ma conscience politique, une véritable révélation; le point de départ d'un dévouement et d'un engagement absolu dans les pas des grands hommes qui ont marqué l'histoire sociale et solidaire de mon pays. J'ai quarante deux ans et après vingt cinq années de militantisme fervent et passionné, ponctuées de moments de joie et de désillusions, de victoires et de défaites, d'espoir et de doutes, de travail acharné dans tous les cas; je ressens depuis un peu plus d'une année une force sereine et confiante monter en puissance, une force au potentiel phénoménal capable de rassembler tout sur son passage pour soulever des montagnes. Une force humble et tranquille, soumise à son destin, celui de servir les intérêts de notre pays. Cette force a un nom, elle a un visage aussi, elle s'appelle François Hollande et je n'avais plus ressenti de telle conviction ni un tel engouement depuis trop longtemps.
 
 
Ce souffle nouveau incarné par l'émergence de François Hollande au plus haut niveau de responsabilité qui soit, à savoir sa candidature à la fonction suprême de chef de l'Etat, ne prendra tout sons sens que lors de sa consécration le 6 mai prochain. Les raisons d'exulter de son aura et de sa présence sont innombrables mais si pertinentes que je me dois d'en partager l'essence avec vous.
 
Au-delà de la nécessité capitale, vitale et urgente de rompre avec la politique désavouée menée depuis cinq ans, basée sur le mensonge, la stigmatisation et l'humiliation: des chômeurs, qui seraient tous fainéants; des citoyens d'origine étrangère, terroristes en puissance; des immigrés, venus voler notre pain; des jeunes, sans valeur; des vieux, qui ne pensent qu'à leur retraite ou encore des fonctionnaires, incapables de se satisfaire de la peau de chagrin taillée sur mesure par l'actuel gouvernement et sa philosophie.
 
 
Face à ces ignominies, mieux qu'une alternative, l'opportunité d'écrire l'histoire et de rendre à la France sa splendeur perdue. François Hollande, un être vrai, simple, compétent; un être juste et sage. Un homme qui incarne le redressement de la France dans la tradition de ses vertus et l'authenticité de ses valeurs. Un homme qui fait de la fraternité une priorité, qui accorde une importance sans égal à la jeunesse, nos nouvelles générations à qui l'on se doit de redonner espoir, sans quoi comment pourraient-elles avoir encore confiance en notre République?
Nous vivons dans un monde où la fin (et même la faim) des uns fait le profit des autres. En ces temps de crise acerbe et de précarité contagieuse, nous avons plus que jamais besoin d'un président incarnant la solidarité et l'altruisme, leader d'une nation de laquelle chacun de ses citoyens doit pouvoir s'identifier, s'unir à l'ensemble de ses compatriotes par un fil conducteur qui n'altèrerait en rien ni leur intégrité ni leur identité. Un pays qui se doit de véhiculer une image positive au reste du monde, un vivier de sagesse, de connaissance et une main tendue, un allié en cas de difficulté. Un tel projet, une telle France ne peut se réaliser sans une justice intransigeante et inflexible. François Hollande l'a bien compris, lui qui souhaite un redressement implacable de notre système judiciaire, système dont l'avocat que je suis constate au quotidien les carences et les difficultés et qui a tant besoin de vraies réformes.
 
Mes chers concitoyens, l'heure n'est pas à la fatalité mais à l'espérance, portés par l'enthousiasme de l'avènement d'un homme d'exception dans la lignée des grands Jean Jaurès ou François Mitterrand: François Hollande. Il nous donne rendez-vous le 6 mai, pour une démonstration de force, pour la victoire du renouveau. Si mon vieux père demeure prudent et persiste dans ses craintes d'un monde toujours plus dur et toujours moins humain, moi j'y crois. Dur comme fer.
 
J'ai même parié un euro (symbolique) avec lui en faveur de ce changement salvateur. Qui me suit dans ce pari ?
 
Avocat aux barreaux de Paris et Marseille, professeur en droit des étrangers
De Mitterrand à Hollande : d'un pari à l'autre
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